Le destin oublié de San Marino
- Vtunes
- 15 mai 2020
- 2 min de lecture
On est tellement inondé de "fake news" que tout le monde semble croire que les États-Unis est le pays le plus touché par la crise de la COVID-19.
Dans cette course involontaire et morbide aux records, un petit pays est passé complètement inaperçu, et a surpassé tous les autres.
D'une part, peu de gens savaient que c'était un pays. Un pays dans un pays. En effet, pendant que l'Italie donnait des frissons au monde entier, San Marino, micro-état d'environ 35 000 habitants situé au nord de l'Italie (dans l'Italie), se retrouvait plongé en plein coeur du Moyen Âge.
Dans son combat contre l'invisible, ses fortifications n'auront été d'aucune utilité, ses citadelles une illusoire défense, le mont Titano une fausse protection. Qui aujourd'hui pleure ses morts? Personne. C'est trop petit. Trop loin.
La quarantaine de San Marino, ce fut une quarantaine de morts. Des chiffres qui n'impressionnent personne. Aucun média en tout cas. Aucun média nord-américain disons.
Pourtant, on peut parier que ces quelque quarante personnes ont, pendant de nombreuses décennies, foulé la terre, trimé dur, aimé, souffert, ri, pleuré, dansé, rêvé d'un monde meilleur. Tout ça pour quoi? Pour s'éteindre dans l'indifférence?
Non, ces personnes ne sont pas des statistiques. Mais si on les réduit constamment à des chiffres dans des bilans quotidiens, on risque de le croire petit à petit.
On veut des noms, des histoires, de l'émotion. Car personne n'a vécu pour rien. Et chacun a droit à un digne au revoir.
De San Marino, en passant par la Sardaigne et la Sicile, jusqu'à Saint-Anne-de-Bellevue, il ne faut pas perdre notre humanité au même rythme que l'on perd des humains.
On doit réapprendre à raconter des histoires. Même pendant un point de presse, surtout pendant un point de presse.
On aura tout notre temps pour les statistiques plus tard.
Qui parle de la Belgique? Deuxième pays le plus touché par la COVID-19 dans le monde. Le seul message qui est parvenu jusqu'à moi par le truchement des médias est la situation de surplus de pommes de terre sur le marché local.
Je suis prêt à aller à contre-courant, en achetant une partie du surplus, avec quelques Rodenbach grand cru et des moules en prime, pour aider les Belges à passer au travers économiquement. L'achat est toujours un peu local.
Tout le monde a droit à son bout de pain et à la compassion des autres. De San Marino, en passant par Mons, jusqu'à Montréal, la soi-disant zone rouge damnée, peuplée de pestiférés, où le taux de décès par tranche de million d'habitants ressemble étrangement à celui de San Marino et de la Belgique.
En passant, combien de personnes sont nées au Québec aujourd'hui? Probablement quelques centaines. Je vous reviens dès que j'ai les noms...

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