Dialogue avec le garde-manger
- Vtunes
- 11 oct. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 août 2021
La boîte de moutarde me regardait sèchement, en me mettant au défi de saupoudrer une partie de son contenu dans une recette de mon cru.
Qui l’eut cru? Qu’une vulgaire boîte de moutarde puisse m’amener à mesurer le temps qui passe, le temps qui reste.
J’en suis au tiers de la pandémie et à la moitié de ma vie. La moutarde sèche, j’utilise ça uniquement dans des fèves au lard.
Et comme j’ai coupé dans le gras ces derniers temps, je réalise que d’acheter un pot de 113 grammes constituait de la pure folie.
De penser que le contenu de ce pot va me survivre m’exaspère. C’est pourquoi j’ai commencé à en mettre dans mes cretons végétariens.
Lentilles rouges, avoine, eau, sel et épices à cretons me replongent dans les plus tendres souvenirs de mon enfance, à mes sandwiches aux cretons et à la moutarde qui faisaient un excellent lunch!
Je ne la laisserai pas, la moutarde, me mener du bout du nez, ni même s’approcher de celui-ci. Je vais la prendre avec des pincettes et lui montrer ma recette.
Pour traverser la pandémie, je ne ferai aucun compromis. Un peu d’épicerie, un peu de Vivaldi, sans oublier les amis. Une rêverie, de l’umami, et un petit brin de poésie.
Comment Brassica hirta Moench en est venue à exister, n’est-ce pas ça le grand mystère de la vie? D’où vient cette graine devenue plante, qui m’interpelle et qui me tente?
Combien en mettre dans ma recette, sans qu’elle en devienne la vedette? Suis-je tout près d’une découverte ou plutôt d’une amère défaite?
Dans le pire des cas, j’y ai pensé.
Je la prendrais, sans l’aviser.
Pour la mettre dans un sablier,
et regarder le temps passer.

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