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Besoin d'un signet

  • Photo du rédacteur: Vtunes
    Vtunes
  • 27 déc. 2019
  • 2 min de lecture

J'ai trouvé un blogue sur la langue aujourd'hui. Je m'apprêtais à décrier l'expression "de besoin". Comme dans j'en ai "de besoin."


Le blogueur expliquait que Molière l'utilisait. Que l'expression était inscrite dans notre histoire.


J'aurais eu "de besoin" qu'il soit plus convaincant. En quoi l'utilisation passée d'une expression, même par un célèbre dramaturge, en justifierait l'emploi aujourd'hui? J'ai posé la question...


Pendant la période des fêtes, nos besoins se réveillent. On se rend compte que l'on a "de besoin" d'une foule de choses.


Mais seulement une poignée d'entre elles, et parfois aucune, se retrouvent au pied du sapin.


Entre deux discussions, on reprend la lecture d'un livre que l'on s'est promis de lire depuis longtemps. Dans mon cas, c'est Pays sans chapeau de Laferrière.


Pas facile de retrouver la bonne page. Comment expliquer qu'après tant de lectures, la maison soit toujours sans signet?


Et pourquoi tous les objets que je tente d'utiliser comme succédanés me déçoivent-ils les uns après les autres?


De la règle, jusqu'à la carte d'affaires, en passant par le mouchoir replié ou l'ustensile de cuisine, l'utilité du signet est révélée au grand jour.


Son absence me force à lire d'un seul trait un livre qui pourtant exige des pauses. Néanmoins, de temps à autre, je retourne le livre sur lui-même et je m'éloigne, sachant pertinemment que je vais retrouver un peu plus tard, à mon grand dam, les pages (et la couverture) toutes retroussées, comme du papier parchemin fraîchement sorti de son rouleau. Ça me rend fou...


Puis, ce besoin d'aller voir la fin à tout bout de champ... Ça aussi ça me rend fou.


En attendant, j'apprends un peu de créole à chaque début de chapitre.


Un livre sans signet, c'est comme un calendrier sans dates. Difficile à imaginer... Une montre sans aiguilles?


Si "de besoin" était la meilleure façon d'exprimer un manque, c'est le signet qui trônerait au sommet de ma liste de "de besoin".


J'en n'ai pas de trop, j'en ai donc "de besoin". Et pas juste d'un. Sinon, je fais quoi en retrouvant le livre laissé de côté depuis quelques semaines sur la table de chevet?


Je recommence au début jusqu'à temps d'avoir l'impression d'apprendre quelque chose de nouveau? Ou bien je vais directement à la fin?


C'est une pénurie que j'ai du mal à m'expliquer. On ne parle que de pénurie de main d'oeuvre.


Un pays sans signet, c'est un pays qui ne sait pas où il est rendu. Avez-vous repéré le vôtre dans la maison? La lime à ongles ne compte pas...


C'est le "de besoin" par excellence. Un produit de consommation de masse que l'on ne parvient jamais à garder. Je veux le mien (les miens) muni (s) d'une puce afin de pouvoir le (s) localiser en permanence.


Car, la première étape avant de savoir où je suis rendu, c'est de savoir où il est rendu.


Un autre Noël sans signet, quelle déception! Je retourne à mon livre. Page 112...


Les pages sont déjà toutes retroussées. J'en ai de besoin. Ça presse...


ree

 
 
 

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