Les empreintes digitales

Ça ne me dérange pas si quelqu'un me vole un jour ce scénario. D'ailleurs, j'ai déjà écrit plusieurs scénarios embryonnaires pour un jeune cinéaste et cela n'a encore abouti à rien.

C'est l'histoire d'un homme qui se présente dans un établissement spécialisé dans la prise d'empreintes digitales. Après plusieurs tentatives infructueuses du personnel, on constate que l'individu ne possède pas d'empreintes digitales. L'individu s'offusque. Il met ça sur le compte d'une mauvaise lecture de l'équipement. Mais les employés sur place sont formels.

"Monsieur. Vous n'avez rien à craindre. Vous n'avez aucun antécédent, judiciaire ou autre. En fait, vous n'existez pas."

En revenant à la maison, il raconte son histoire rocambolesque à sa conjointe. Bien qu'elle fasse preuve de beaucoup d'empathie, les "révélations" de son mari la troublent, la poussant à réfléchir à leur passé commun. Plein d'images défilent dans sa tête. Elle se met à douter. La version du personnel de sécurité expliquerait bien des choses. Elle ne sait plus qui croire. Leur relation se dégrade. On les voit chez leur thérapeute respectif.

À force d'absences répétées à son travail, l'homme est renvoyé. Il se remet à la recherche d'un nouvel emploi. À chaque employeur, il se heurte à une fin de non recevoir.

"Désolé. Nous cherchons quelqu'un avec des antécédents."

Je n'ai pas trop d'idées pour la suite. Mais tout ça me fait penser à Franz Kafka. Et à Robert Musil. Et au bon orthographe. Devrait-on dire l'homme sans antécédent ou sans antécédents? J'en viens à penser que ça doit être terrible de n'avoir aucun antécédent. C'est pourquoi j'ai beaucoup d'empathie pour le malheureux, moi aussi.

Quoi qu'il en soit, j'imagine peut-être une fin à la "Being there". Lors d'un récital de musique, il se lèverait de son siège et jouerait, à la place du pianiste médusé, les quelques notes de la pièce "Patience" des Lumineers. Jamais je n'aurais imaginé voir un public aussi incrédule. Jamais jamais.